Baptiste Chedal-Bornu

Chedal s’en régale

Dans une fin de saison des plus excitantes, le puissant centre montois retrouve Bordeaux-Bègles. Le club avec lequel il a découvert le rugby professionnel et aussi sa ville de cœur.

« Cette année, tout le monde a soit le maintien dans le viseur, soit la qualification.
Et tous les week-ends, ce sont des matches à enjeu. » ph. guillaume Bonnaud

N’allez pas croire que son cœur va balancer pour autant. Mais s’il y a un joueur pour qui affronter Bordeaux-Bègles signifie quelque chose, c’est bien Baptiste Chedal-Bornu. « En plus, je ne les ai pas joués depuis l’année de la montée en Top 14… » Dimanche, le centre ne va donc pas bouder son plaisir.

Bordeaux-Bègles… À l’époque où le Limougeaud d’origine débarque dans le port de la Lune, on disait Bègles-Bordeaux. « J’ai y joué quatre ans, en Top 16 et en Pro D2. Cette époque-là, c’était génial, souffle l’ancien du sports-études d’Ussel, parce que Bègles, c’était quand même une super-équipe, avec beaucoup de stars… » On ne les compte plus : Mendez, Fernandez-Lobbe, Richard Dourthe, Laurent Labit, entre autres… même un certain Thierry Dusautoir.

« J’étais au centre de formation avec lui, se souvient le jeune papa. On est arrivé en même temps et on a disputé notre premier match ensemble à Brive en Top 16. Après, lui a vraiment explosé et moi je suis parti à Tarbes quand le club est descendu en Fédérale 1, avant la fusion avec le Stade bordelais. Finalement à Bègles, qui, au début des années 2000, n’était pas forcément un club formateur, on a sorti une génération pas trop mal : Dusautoir, Julien Brugnaut, Julien Gaultier… »

Le nom de Julien Gaultier, justement, permet de remonter encore un peu plus l’histoire de Baptiste Chedal-Bornu. Né à Limoges, il déménage à Châteauroux avec ses parents. Pas vraiment une terre de rugby. « Là-bas, c’est football et Berrichonne ! Mais petit, comme beaucoup d’enfants, j’avais mes oncles en adoration. Et l’un d’eux, Bruno, jouait au rugby. Du coup j’ai voulu faire comme lui. »

Sérénité

En poussins, Chedal-Bornu, encore haut comme trois pommes, rencontre un Julien Gaultier pas plus grand que lui. « Finalement, j’ai retrouvé  »Juju » à Bègles-Bordeaux. C’est marrant comme histoire. On commence ensemble à l’âge de 6 ans, à Châteauroux, et on se retrouve ensemble dix ans plus tard, à jouer en première dans le même club. Quand on s’est revu, on ne se rappelait même plus l’un de l’autre ! »

Des copains à l’Union, le jaune et noir en a encore quelques-uns : Ferrères, Clarkin, Decamps et donc Gaultier… Mais pour Chedal, Bordeaux, c’est bien plus que des visages connus. « J’habite là-bas, à côté de Mériadeck. J’aime beaucoup cette ville. Je m’y sens bien, même si je ne sais pas trop pourquoi. C’est vrai que petit déjà, j’allais tous les étés en vacances au Cap-Ferret. Et puis ça bouge. On a l’impression d’une ville en perpétuelle ébullition… Ca me plaît », explique-t-il d’un ton calme et serein, comme un indice de son bien-être actuel. « Mes enfants vont bien, ils sont beaux et en bonne santé. Ma femme aussi. Mon frère vient d’avoir un bébé. Moi, ça va. Le club est pas trop mal placé… Il y a des moments plus compliqués à gérer dans la vie. Alors, c’est sûr, on a la pression pour la cinquième place. Mais j’ai connu des années où on bataillait pour ne pas descendre. Là, on joue pour se qualifier. La pression, elle est très positive. C’est excitant. » Car à 29 ans, si l’homme est posé, simple et disponible, le compétiteur, très en vue en cette fin desaison, lui, est affamé. Et en redemande : « Je me rappelle encore ma mère m’emmenant à mon premier entraînement. Et puis les années sont passées sans les voir. Ça fait plus de vingt ans maintenant que je joue au rugby et j’ai toujours la même envie. En plus, en ce moment, c’est le plus intéressant. Lorsqu’il y a de l’enjeu. C’est ça le plus jouissif. »

Que des matches à enjeu

De ce côté-là, le trois-quarts est servi étant donné la complexité de la fin de saison des siens. « Au niveau des résultats, on se retrouve dans une situation où on a quelques sueurs froides, confirme l’intéressé. Et quand on regarde dans le rétroviseur, on se dit qu’on aurait pu prendre quelques points supplémentaires. Par exemple, sur des matches à l’extérieur que l’on aurait pu gagner, à Tarbes, Albi ou Oyonnax. C’est dommage parce qu’on pourrait être largement devant… Mais en même temps, on se plaint souvent qu’en Pro D2, il y a trop de matches avec des équipes qui n’ont plus rien à jouer. Cette année, tout le monde a soit le maintien dans le viseur, soit la qualification. Et tous les week-ends, ce sont des matches à enjeu. C’est bien pour tout le monde. Pour les joueurs aussi, car on n’est jamais aussi bon que dans ces moments-là. » L’Union et les autres formations sont prévenues. En cette fin de saison, il faudra compter avec l’envie de Chedal-Bornu. (Sud-Ouest)